24 nov. 2009

Interview: The Spectrometers


Il y a quelques temps, The Spectrometers, jouaient à La Blanchisserie et forcément nous y étions. Une interview avec Fred, fondateur de ce projet, s'imposait.

1/Pourquoi as-tu choisi ce nom là ?
Fred : C’est un peu venu tout seul. Ce que j’aimais bien avec The Spectrometers c’est que ça couvrait plusieurs registres, dont le registre musical. C'est-à-dire qu’il y a plusieurs couleurs dans la musique, plusieurs influences donc il y a un spectre assez large et en même temps le côté spectral c’est ce qui concerne un peu tout ce qui est habité…Donc à ce moment là, on peut s’ouvrir à tout. Ca s’ouvre à la littérature, au cinéma. Y’a un côté un peu « machine » aussi qui correspond bien à la façon dont je travaille, j’utilise très peu d’instruments, c’est vraiment électronique. Il y a un petit côté technologique. En fait le nom a achevé l’esprit du projet.
PE : Donc en fait le nom est venu après la musique ?
Fred : Non, en fait à partir du moment où le nom est apparu, les choses se sont construites autour.

2/ On ne trouve pratiquement rien sur The Spectrometers, est ce que c’est voulu ? C’est pour donner un côté plus mystérieux ?

Fred : Oui c’est voulu car j’ai fait beaucoup de groupes avant et avec ce projet je voulais garder une espèce de chose non fixée, ce qui fait que de temps en temps j’ai un copain guitariste qui vient sur scène. En fait, ce n’est pas un groupe, c’est plus une idée. J’ai beaucoup de mal à le définir et en plus je trouve ça beaucoup plus intéressant le produit final que l’histoire des gens dans le groupe. Ce qui se passe dans les groupes est souvent un peu anecdotique. Je ne voulais vraiment pas que ce soit un groupe, c’est un projet assez personnel.
PE : Oui mais tu ne penses pas que les gens puissent se demander « qui c’est ? Qu’est ce qu’il fait » ?
Fred : Ouais, mais je trouve ça aussi pas mal. Je veux dire qu’il y a tellement de choses qui sont préétablies et évidentes que je trouvais intéressant de faire la démarche opposée, de proposer quelque chose qui fasse que les gens soient un peu obligés de faire un effort. A l’heure d’Internet tu peux chopper toute la culture du rock en 15 minutes quasiment. Je trouve ça intéressant qu’il y ait des projets assez différents.

3/ Quelles sont tes influences ? On sent bien l’influence de Delia Derbyshire quand même.
Fred : Ouais y’a le côté BBC Workshop évidemment, qui a été ma dernière découverte au point de vue musical où j’ai vraiment creusé et j’ai trouvé ça super intéressant parce que c’est complètement différent des français à la même époque qui étaient un peu plus « cérébral ». Donc il y a ça comme influence, et puis je suis un grand fan de Suicide alors évidemment il doit y avoir un petit côté qui ressort, et d’autres choses plus anciennes comme les musiques de films. Au niveau du son, ce qui m’intéresse beaucoup c’est aussi de retranscrire l’effet de charme qu’il y a dans les premières bandes son c'est-à-dire quelque chose des années 20 ou carrément des trucs du style musique traditionnelle qui ont été pêchées aux 4 coins du monde. Et évidemment toute la période post-punk.

4/ Trouves-tu que le fait de jouer seul soit plus dur ?
Fred : Oui c’est beaucoup plus dur parce qu’il faut assumer totalement…tout. Mais en même temps être tout seul est le meilleur moyen d’aboutir à ce que tu as réellement envie de faire. D’un côté, je n’avais pas d’enjeu, c’est marrant parce que je ne m’attendais pas à faire des concerts à Londres et ça m’encourage. A un des premiers concerts que j’ai fait, un mec m’a dit « fait un album même si ça intéresse 15 personnes, c’est déjà bien quoi ». Je me suis dis qu’il n’avait pas tort, pourquoi craindre telle ou telle chose ? Ça existe ou ça n’existe pas !

5/ On parlait de Londres, de la nouvelle scène Londonienne, là-bas le genre de musique que tu fais est beaucoup plus accessible. La preuve, tu as joué à Crisis in Taste. On voulait savoir ce que tu pensais de ce mouvement ? Est-ce que tu te sens proche de ça ?
Fred : Malgré l’écart de génération je suis très content quand je vois que les groupes là-bas essayent de faire quelque chose de nouveau malgré les influences très présentes. En fait il y a toujours des boucles, tu ne fais jamais table rase définitivement. Malgré tous les groupes qui se disent « tiens on va faire quelque chose », je trouve que là-bas y’a toujours un peu plus d’efforts.
PE : Mais tu ne trouves pas que ta musique aurait peut être plus sa place à Londres qu’à Paris ?
Fred : Ouais pourquoi pas…
PE : Spider & The Flies (side-project de Rhys & Tomethy des Horrors), par exemple, ça ressemble pas mal à ce que tu fais et eux ont énormément de succès à Londres. Tu ne trouves pas qu’en France les gens sont plus fermés ? La musique indie ça passe très bien et dès que c’est un peu plus expérimental c’est déjà plus difficile.
Fred : Oui, en France il faut toujours que ce soit bien produit, je ne sais pas d’où ça vient. Je ne touche pas grand monde sur Paris.
PE : La preuve, tu as joué à Crisis In Taste qui est vraiment pas mal, c’est un truc assez gros…
Fred : Ouais carrément, en plus c’était pas mal de jouer dans une église, c’était complètement adapté à la musique. Mais après, ça ne me dérange pas de jouer devant un public hostile aux machines. Regarde Suicide, maintenant tout le monde les admire, mais à l’époque les mecs partaient souvent entre deux morceaux donc je n’ai pas ce problème pour ma part. Mais si j’avais voulu faire un truc commercial et accessible, je n’aurai pas eu la même démarche.

6/ Es tu plus Psychedelic ou Electric ?
Fred : Je pense être plus electric. En tout cas, je préfère le mot electric (rires)


Myspace

1 commentaire:

Anonyme a dit…

nice post. thanks.