18 juin 2011

Bon Iver - Bon Iver


Cette semaine j'ai dû choisir entre pas mal de choses. Dans quel établissement je voulais commencer ma vie d'étudiante précaire, quelles soirées faire au BigFest de Biarritz, classe affaire ou business, guilty or not guilty, et enfin anarchie tribale ou renflouement sentimental ? Wu Lyf ou Bon Iver ? Les Inrocks ou Tsugi ? Le coup de foudre ou le long terme ? J'ai choisi de jouer la sécurité, c'est ce que les adolescentes font tout le temps. Jouer la sécurité et oublier tout ce qui est bancable au risque de passer à côté de l'histoire. L'article de JD Beauvallet sur Wu Lyf il faut le lire absolument, parce que là dedans c'est lui le vrai ado qui prend plus de risques que tous tes potes qui font du planking comme des crétins.

Donc moi j'ai choisi Bon Iver, pas pour avoir l'opportunité de faire des jeux de mots pouraves sur les saisons avec son nom mais pour essayer de vous convaincre que la folk c'est pas FORCEMENT la mauvaise dépression et qu'on est pas obligés d'appliquer une vieille même recette musicale pour faire vibrer.

A la sortie de Michicant et Calgary il y a déjà quelques semaines il ne fallait pas être sorti de polytechnique pour deviner que ça allait pas être la B.O de ta fête de fin de Bac. En revanche il fallait en avoir dans la tête pour imaginer que ce disque serait truffé de bijou pop. Oui, POP. Le dernier titre de l'album Beth/Rest fait apparaître un synthé étrangement cheesy, années 90 assumées, mais toujours quand même obscures. C'est sans doute comme ça que Bon Iver a voulu se détacher de l'étiquette folk, lui qui ne voit pas l'intérêt d'une classification musicale voulait qu'on trouve ça « sexy-quelquechose ». Un sexy road trip peut être, en forme d'audio description des lieux dans lesquels nous, pauvres provinciaux, n'auront surement jamais l'occasion de mettre les pieds. Perth, Calgary, Minnesota…autant d'endroits lointains qu'on imagine du coup en adéquation avec les chansons, beaucoup plus beaux et signifiants qu'ils ne le sont sans doute, pas franchement ensoleillés et plutôt frais, étrangement à contre temps. Holocene ou Wash réutilisent bels et bien cette image de folkeux dépressif qui semble juste sortir de façon permanente d'un chagrin d'amour mais d'une manière moins épurée que précédemment, plus travaillée, mieux entourée techniquement aussi. Plus expérimentale.

Je ne vais pas vous mentir, en 3 ans Bon Iver n'est pas devenu un roi de la pop, il n'est pas non plus devenu un optimiste affranchi ni encore un hyperactif insensible.Le disque est poignant et pas toujours baigné de soleil mais çà et là, sur des titres comme Hinnom, TX, Towers ou Beth/Rest la sortie du tunnel à l'air bien plus proche que sur For Emma, Forever Ago.


Album en écoute sur le site du Guardian.
Bon Iver - Bon Iver sortira le 21 juin.

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